L'association de ces deux termes, peut
poser la question de la nature du projet artistique surtout dans un
blog axé sur l'effacement.
Hormis les abolitionnistes qui veulent
faire disparaître totalement la destruction physique des corps
produite par la guerre ou la disparition du libre arbitre lors de la
vente ou location de ce même corps dans la prostitution, il y a
plutôt une volonté d'occultation généralisée.
Les militaires sont toujours là pour
défendre, jamais pour attaquer. Et si d'aventure c'était le cas il
est bien connu que la meilleure défense c'est l'attaque. C'est
certes triste et désagréable mais le job doit être fait. De
préférence loin de la métropole. Une fois celui-ci terminé la
grande muette redevient la grande invisible en rentrant dans ses
casernes. Dont elle ne sort, voix forte et sourires égrillards, que
pour aller au bordel. Là où on invisibilise les corps des
péripatéticiennes qui ne déambulent plus qu'entre les doigts
fébriles des clients. Certes en France les maisons closes l'ont
effectivement été mais le sort réservé dans la rue, par la police
ou par les riverains excédés, pousse ce commerce à l'obscurité et
à la honte.
De la même façon que l'armée se
serait transformée en un corps de joyeux scouts s'ébrouant dans
l'humanitaire, ou patientant sous le casque bleu, veillant au
maintient de la paix, les corps prostitués sont devenus de
respectables travailleurs du sexe, brulant de quitter l’asphalte
pour la fraicheur des maisons ouvertes, nouvelles usines à sexe. De
l'usine à la caserne et de l'usine au bordel cachez-moi toute cette
chair que je ne saurais voir.
Cependant la chair fascine, la peau est
charismatique, parfois christique. L'ouvrier en sueur les bras
écartés sur la croix de la machine, le soldat en larmes les bras
tendus vers son camarade agonisant ou la pute transpirant les jambes
écartées par les coups de hanche du client sont d'éternels frères
ou sœurs du corps à demi nu et crucifié qui fait tant fantasmer
les rares paroissiens et paroissiennes qui se cachent dans la
fraicheur des églises.
L'art a pour mission, depuis longtemps
acceptée, de montrer, de ne pas se coucher devant l'illusion que
voudrait imposer la réalité. Comme pour voir les valeurs et
rechercher l'ombre le peintre entre-ferme les yeux restera il sur la
toile une trace de cette ombre fugace.
La séduction peut transparaitre.
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