jeudi 28 décembre 2017
lundi 18 septembre 2017
EXPO:His Story stories à Bethanien Berlin
J'ai commencé ce travail sur la
« grande muette » comme on appelle l'armée en France il
y a quelques années. A l'époque hormis les soldats du plan
Vigipirate on voyait peut de militaires dans les rues françaises.
Elle était aussi la « grande invisible » alors que son
budget et son rôle dans l'économie de la France sont primordiaux.
De la même façon elle avait quasiment disparu comme sujet
artistique. Alors que jusqu'à la moitié du XXeme siècle elle était
absolument présente dans toutes les formes d'art, que sa
représentation soit positive ou négative, progressivement elle
quitta les cimaises pour ne plus prendre place que dans les journaux
et les médias, quand l'actualité y faisait référence.
La faire envahir les rues,
artistiquement,et lui rendre cette visibilité fut ma première
intention.
En collant des peintures originales je
voulais démontrer que la démarche n'était pas liée uniquement à
un engagement politique, ou à une démonstration. Il fallait que le
geste pictural soit évident. Il ne suffisait pas de coller des
photos ou des reproductions , trop connotées journalisme et
distanciation.
Ce qui était collé devait être un
objet unique comme chaque soldat est un individu à part entière.
Je n'avais pas anticipé que la
réaction de la rue serait aussi rapide et radicale. Tout objet
laissé au contact libre du public finit par subir une altération ,
celle ci je l'attendais. Que les peintures soient déchirées et
lacérées dés le premier matin, parfois la colle de la nuit a peine
sèche, m'a surpris. Mais a aussi ajouté une dimension ludique.
Lequel allait tenir le plus longtemps ? disparaît il
totalement ? Que resterait il de lui au mur et au sol ?
Quelle histoire raconterait il ?

L'avantage de cette destruction rapide
est que je pus en récupérer facilement les restes. Et reconstruire
une image.
Que le regardeur veuille renvoyer à
l'invisibilité ce qu'il voit est une démonstration que la chose
était bien visible. Et que le geste du peintre est poursuivi par la
main de l'iconoclaste créateur.
samedi 2 septembre 2017
Sous une image se trouve toujours une autre image. Il suffit de fermer les yeux à demi, ou de se laisser du temps, pour qu’elle apparaisse par transparence. Sous cette seconde image se trouve une autre image ; sous cette image se trouve une autre image ; sous cette autre image se trouve une image… La porosité des images transcende l’espace. Elles se contaminent les unes les autres au travers de la durée, des minutes et des siècles. Sans tenir compte des distances et des continents, pour peu qu’une abeille curieuse (ou menée par des intérêts socio-économiques exclusifs) ait accompli ici et là son œuvre de pollinisation involontaire, les images fécondées donnent naissance à des formes qui n’en garderont pas moins en mémoire certaines caractéristiques de leurs ancêtres, connus ou inconnus. Naturellement, ces caractéristiques participeront de leur destin…
Michel Carmantrand
traduction Roland Baumann
site : www.hisstorystories.blogspot.com
vendredi 16 juin 2017
GUERRE ET PROSTITUTION
L'association de ces deux termes, peut
poser la question de la nature du projet artistique surtout dans un
blog axé sur l'effacement.
Hormis les abolitionnistes qui veulent
faire disparaître totalement la destruction physique des corps
produite par la guerre ou la disparition du libre arbitre lors de la
vente ou location de ce même corps dans la prostitution, il y a
plutôt une volonté d'occultation généralisée.
Les militaires sont toujours là pour
défendre, jamais pour attaquer. Et si d'aventure c'était le cas il
est bien connu que la meilleure défense c'est l'attaque. C'est
certes triste et désagréable mais le job doit être fait. De
préférence loin de la métropole. Une fois celui-ci terminé la
grande muette redevient la grande invisible en rentrant dans ses
casernes. Dont elle ne sort, voix forte et sourires égrillards, que
pour aller au bordel. Là où on invisibilise les corps des
péripatéticiennes qui ne déambulent plus qu'entre les doigts
fébriles des clients. Certes en France les maisons closes l'ont
effectivement été mais le sort réservé dans la rue, par la police
ou par les riverains excédés, pousse ce commerce à l'obscurité et
à la honte.
De la même façon que l'armée se
serait transformée en un corps de joyeux scouts s'ébrouant dans
l'humanitaire, ou patientant sous le casque bleu, veillant au
maintient de la paix, les corps prostitués sont devenus de
respectables travailleurs du sexe, brulant de quitter l’asphalte
pour la fraicheur des maisons ouvertes, nouvelles usines à sexe. De
l'usine à la caserne et de l'usine au bordel cachez-moi toute cette
chair que je ne saurais voir.
Cependant la chair fascine, la peau est
charismatique, parfois christique. L'ouvrier en sueur les bras
écartés sur la croix de la machine, le soldat en larmes les bras
tendus vers son camarade agonisant ou la pute transpirant les jambes
écartées par les coups de hanche du client sont d'éternels frères
ou sœurs du corps à demi nu et crucifié qui fait tant fantasmer
les rares paroissiens et paroissiennes qui se cachent dans la
fraicheur des églises.
L'art a pour mission, depuis longtemps
acceptée, de montrer, de ne pas se coucher devant l'illusion que
voudrait imposer la réalité. Comme pour voir les valeurs et
rechercher l'ombre le peintre entre-ferme les yeux restera il sur la
toile une trace de cette ombre fugace.
La séduction peut transparaitre.
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